La Traversée des Bauges par les sommets
d'Aix-les-Bains à Albertville

Une bien belle randonnée dans un massif préalpin peu connu, situé entre le lac du Bourget, le lac d'Annecy et la combe de Savoie. Un genre de fort naturel aux limites quasi impénétrable mais à l'identité bien marquée.


Dénivelé + : 7250 m

Durée : 5 jours

Départ : Aix-les-Bains

Arrivée : Albertville

Journal de la rando
Rando du 13 Juillet au 17 Juillet 2009 Avec : Steve

Préambule

Le choix de cette randonnée n'est pas le fruit du hasard. Mes dix jours de vacances seront bien occupés. Je commence par une cure de rock de trois jours à Aix-les-Bains au festival « Musilac ». Un vrai régal pour les oreilles avec d'excellents artistes sous un soleil de plomb durant tout le festival.

Pourquoi alors ne pas profiter de réaliser une rando itinérante au départ du lac du Bourget ? Ayant déjà réalisé la traversée de la Chartreuse en 2007, la décision fut rapide à prendre de se lancer dans la traversée du massif des Bauges avec pour destination d'arrivée à Albertville.

Etape 1 : de Aix-les-Bains à Les Déserts
dénivelé positif : 1460 m

Départ matinal, malgré une nuit courte (fin des concerts tardifs + fiesta au camping). J'ai profité la veille de la dernière douche froide, peut-être avant longtemps.

La traversée d'Aix-les-Bains (240 m) jusqu'à Mouxy permet de se mettre en jambe avant les choses sérieuses Je ne souhaite pas prendre le sentier classique du topoguide, je prendrai donc beaucoup de liberté sur le parcours proposé. Après le hameau des Mentens, je commence tranquillement la montée pour rejoindre la très sobre chapelle Saint-Victor . La suite du chemin fait cap au sud entre les deux barres rocheuses en sous bois. Au croisement du Malpassant, je bifurque à gauche pour entamer le gros de l'ascension. La montée difficile associée à mon petit déjeuner un peu frugal, me donne des signes d'hypoglycémie, mais j'arrive à terminer au passage du Croc sur les rotules.

Le chalet du Sire à l'arrivée sera une parfaite pause pour goutter quelques spécialités savoyardes. Après un bon repas (diots grillés et glace maison), c'est reparti pour rejoindre l'impressionnante croix du Nivolet (1547 m) surplombant la vallée du Bourget. Malgré une brume de beau temps, le paysage est splendide à 360°, les parapentes et les planeurs faisant le spectacle.

C'est ensuite la descente avec une question en tête : Où vais-je bivouaquer ce soir ? J'entame la descente jusqu'au col de la Doriaz où je rejoins le GR 96. Je le suis jusqu'à «  la Combe  » (900m) de la commune des Déserts surplombé par le Mont Margériaz que je monterais demain. Je quitte alors le GR pour me mettre en direction du col de l'agneau qui me permettra d'attendre ce prochain objectif. Fatigué, j'installe mon premier bivouac (1050 m) au dessus de la vallée de Plainpalais.

Etape 2 : de Les Déserts au Mont Colombier

dénivelé positif : 1800 m

La matinée commence par une montée qui doit conduire au Mont Margériaz par la voie passant par le pas de l'Agneau. La montée est d'abord progressive en forêt, je suis ensuite la piste de ski de Plainpalais, puis, après quelques difficultés, j'arrive au replat des Carres . La vue est belle et permet une petite pause avant le gros de la montée. La reprise se fait dans un premier temps en sous bois avant d'arriver devant la grande falaise ocre sur laquelle se repose des chamois. Je poursuis la montée, mais celle-ci, constituée de cailloux fins sans cohésion, rendent la progression très fatigante. Enfin, j'arrive à un câble, un passage d'échelle. J'arrive donc au golet de l'agneau composé d'un passage en couloir entre les rochers avant de déboucher au sommet du Mont Margériaz (1845 m). La vue est magnifique malgré les quelques nuages et surtout les remontées mécaniques de la station qui atteignent le sommet.

Je suis alors la crête, essuies quelques gouttes, puis atteins le col de la Verne pour enfin descendre la combe jusqu'aux prairies de Rocquerand. Le soleil est réapparu, la vue s'est dégagée, je fais face au Mont Colombier et aux rochers de la Bade … le bon endroit pour manger un bout.

Après cette pause, je passe par Aillon-le-Jeune (900 m) (trois p'tites courses et ravitaillement en eau). J'entame alors la montée par la crête des rochers de la Bade , mais la fatigue me rattrape et j'aurais un mal de chien à arriver au sommet (1843 m). Je profite alors d'une bonne pause d'une heure : en-cas, sieste, lecture, photos. Vient alors la liaison avec le col de la Cochette (1694 m) plus facile… et non, le passage est technique et très aérien où le moindre faux pas est interdit.

J'arrive au col, rejoins le chalet de Rossane, où je recharge mon eau vide depuis près d'une demi-heure. Je monte au col du Colombier (1799 m) où j'installe la tente. J'attire un temps la curiosité des vaches de l'alpagiste. C'est le 14 juillet, et malgré les feux d'artifice annoncés visibles des crêtes toutes proches, je n'aurais pas le courage d'attendre et ne tarderai pas à m'endormir.

Etape 3 : du Mont Colombier au Mont Trélod
dénivelé positif : 1750 m

Je touche du bois, malgré les annonces d'orage depuis le début de semaine... rien, sinon quelques gouttes insignifiantes en fin de nuit. La couverture nuageuse est faible et le temps va s'améliorer.

Rien de mieux pour commencer la journée qu'un petit sommet pour se mettre en jambe. Le sommet du Mont Colombier (2045 m) m'offre ainsi un superbe panorama. Je suis face au Mont Trélod dont les parois semblent d'ici infranchissables... et pourtant.

Je commence alors la descente, d'abord par la crête pour rejoindre de nouveau le col de la Cochette pour récupérer le GR. La descente est longue mais progressive et variée : alpages, prairies fleuries, pessières, hétraies… La pause de midi (pour une fois à l'heure) se fera près de la minuscule chapelle Saint-Bernard (1000 m) et me permettra de me préparer psychologiquement à la très grosse montée qui m'attend l'après-midi.

Allez hop, encore un peu de descente jusqu'à La Compote (685 m). J'en profite pour me ravitailler : eau, biscuits, fruits et surtout quelques bonbons pour me donner du courage. Je commence la montée par la route pour atteindre la commune de Doucy juste au dessus. Je tends le pouce au cas où… et en deux minutes je viens d'économiser cent misérables mètres de dénivelés. On me dépose au lieu dit Magnoux (950 m). Avant de reprendre la marche, un coup d'œil me laisse perplexe sur le chemin... je ne vois qu'une falaise face à moi... mais par où vais-je passer ?

Le sentier commence par une voie de terre carrossable, longue mais montant très progressivement. Pour la première fois depuis le début, je me sens bien en montée et les mètres défilent sous les pieds. J'arrive en sous bois et là.. Petit problème… un arbre sur deux est au sol et le chemin est introuvable. Je passe d'un arbre à une grume, puis à une autre, pour retrouver un sentier forestier qui finalement, s'avère être le bon. La montée se poursuit. Je quitte la forêt et arrive en pied de falaise. Je la longe, passe par une vire rocheuse qui se faufile et prend de l'altitude assez facilement. Je franchis quelques passages d'eau pour finalement arriver au niveau de la végétation des prairies d'altitude aux restes du chalet de Pleuven dessous (1580 m).

Je fais une pause, hésite à m'arrêter ou à poursuivre, car le prochain site « bivouacable » est très loin. De plus, le temps semble hésiter car des cumulus bourgeonnants se forment mais sont progressivement balayés par les vents d'altitude.

Je me décide cependant et, la forme aidant, poursuis le chemin par les crêtes. J'arrive alors vers la zone rocheuse beaucoup plus technique qui nécessite beaucoup de prudence. Le sommet du Mont Trélod (2181 m) laisse échapper les quelques nuages qui le coiffait et me laisse ainsi profiter du paysage. Je peux alors descendre vers une aire de bivouac en contrebas près d'ancien enclos à mouton avec vue sur le sommet.

Etape 4 : du Mont Trélod à La Sambuy
dénivelé positif : 1730 m

En sortant de la tente de bon matin, à cinq mètres, le berger qui s'approche. Au demeurant très sympathique, il m'avertit car je suis dans la Réserve de Chasse et de Faune Sauvage de l'ONCFS et qu'il est donc interdit d'y bivouaquer. Je n'ai rencontré aucun panneau (du moins me semble-t-il). Je plis donc rapidement avant de croiser un éventuel garde.

Je prends alors le sentier qui longe le très beau chalet des gardes (1860 m) et descends par la combe de Planay. Au niveau du radier, juste avant la fontaine de Fayard, je m'octrois une pause pour faire un brin de toilette. Je reprends cette fois par le sentier forestier et après quelques hésitations, je prends la direction du col de Chéret. Au croisement du GRP je reprends direction plein nord. Je passe alors le Plan de France (1535 m) puis le Pas de l'Ours (1690 m) où je casse la croûte non sans avoir été agressé par d'innombrables fourmis.

La pause de midi fortement écourtée, je reprends le sentier qui, à ma grande surprise, descent. Je rejoins ainsi la maison forestière de Bonverdan, un petit chalet, ouvert et libre, tout a fait sympathique... parfait pour terminer ma pause de midi.

Le sentier remonte très progressivement pour rejoindre ainsi le col d'Orgeval (1763 m). Je décide alors de faire l'aller-retour vers la pointe d'Arcalod (point culminant des Bauges oblige à 2217 m). Si le début est facile, la suite demande énormément d'attention du fait du vide et des nombreux petits pas d'escalade à réaliser (mais pour ma part je crains surtout la descente… je suis comme les chats). Au sommet, la vue est splendide à 360° avec un ciel d'azur. Je prends mais aises et fait une longue pause (autant pour me reposer de la montée, profiter du paysage et repousser l'échéance de la descente). Pour la descente, je prends toutes les précautions et reviens sans encombre au col d'Orgeval. Après quelques hésitations je reprends le chemin pour rejoindre la pointe de Chaurionde (2173 m) où je dérange sur le passage un joli troupeau de mouflons. Puis c'est l'heure de la descente jusqu'au chalet du Drison (1649 m), puis, sur les rotules, les derniers hectomètres qui me mènent à proximité du chalet de la Bouchasse (1705 m) pour installer le bivouac.

Une nuit difficile

On me parlait depuis le début de la rando des risques d'orages, mais si j'avais sus, que ce soir là, en plantant la tente sous un ciel bleu il arriverait dans la nuit…
Vers 1h, les premiers éclairs très lointains et pas de tonnerre.
A 3h, il pleut, il vente mais surtout, au loin, le ciel est blanc d'éclaire sans discontinuer et le tonnerre est assourdissant. Je n'ai jamais vu un ciel comme cela. Derrière une fenêtre le spectacle doit être magnifique mais sous la tente…
En prévision d'un éventuel déplacement de l'orage dans ma direction je décide de rassembler mon matériel et de me mettre à l'abri dans un lieu sur.
A 3h30, j'abandonne ma tente sous la pluie et part frapper au chalet du berger d'à coté. Celui-ci à la gentillesse de me proposer de m'installer au dessus de l'étable.
La nuit passe, mais ne dort pas beaucoup. Vers 6h, le berger commence la traite, je n'entent plus l'orage et décide de rejoindre ma tente… si elle est toujours là. Malgré quelques piquets enlevés tout est là.
J'en profite pour faire un petit somme. Mais l'orage revient. Bien moins violent mais plus près. Il pleut fort mais la tente résiste bien. Au bout d'une heure... plus rien… il y a même une éclaircie. J'en profite pour faire le sac et plier la tente. J'achète un fromage au berger... je suis prêt pour commencer la journée de marche

Etape 5 : de La Sambuy à Albertville
dénivelé positif : 500 m

L'orage est parti, il reste bien des nuages mais la couverture est haute et sans danger (hormis quelques ondés possibles). Je décide donc de monter à la Sambuy en surveillant le sommet qui nécessite de mettre les mains pour y accéder. Arrivée à la pointe de la Sambuy (2198 m) le temps hésite mais le soleil arrive à percer et permet de profiter d'éclaircies et de la beauté des petites mers de nuages dans les vallées.

Après cela, je descends et rejoins le refuge de Favre où je profite d'un petit réconfort dans un cadre très cosy : un bon chocolat chaud (la température extérieure n'est pas très élevé aujourd'hui). Après avoir gouté à leur spécialité (le hot diots) je suis prêt pour commencer l'interminable descente qui me conduira à Albertville. Je repasse devant le chalet de la Bouchasse , reprend la direction du chalet du Drison mais tourne plus tôt pour rejoindre et faire une pause au chalet du Plan du Tour. Je poursuis la descente, passe devant l'abbaye cistercienne Notre-Dame de Tamié (905 m) où la pluie fait son apparition et ne me quittera plus jusqu'à mon arrivée à la gare d'Albertville (340 m). Les jours de pluie sont propices à la rêverie quand les kilomètres sont longs et monotones. Si j'avais dus choisir un jour de pluie ça aurait été celui-là… bonne pioche.

Les photos de la rando : ici

Pour en savoir plus :   Topo-guide correspondant :  

Parc Naturel Régional des Bauges : ici
Site de Wikipédia : article sur le massif des Bauges
Géologie des Bauges : ici
Tourisme dans les Bauges : ici

Tours et traversées du
Massif des Bauges

Topoguide au format 13,5 X 21 cm.
Editeur : FFRP
ISBN : 2-7514-0056-6


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